LA PEINTURE M'A SAUVÉ LA VIE

À 20 ans, je rêvais de porter ma peinture loin et haut.

À 45 ans, je réalise que c'est elle qui m'a porté loin.

Loin du désastre.

Elle m'a même sauvé la vie et permis de me trouver.

Mon désir d'accomplissement artistique est présent depuis mon plus jeune âge.

À dessiner seule jusqu'à l'adolescence, je rêvais de faire une grande école d'art, rencontrer des maîtres qui m'apprendraient les secrets de la peinture et du dessin.

Avec fierté et excitation, quand je rentre aux Beaux Arts de Grenoble en 1999 - j'ai 19 ans - mon rêve vrille rapidement quand les professeurs nous expliquent qu'il est fortement recommandé de créer sans recourir à la peinture, ni au dessin ! A nous d'inventer notre propre expression artistique. Même pas le temps de prendre mon élan, que je me sens coupée des ailes. Je résiste une courte année, en remplissant quand même l'espace de mes peintures aux couleurs vives, avant d'arrêter ce que je vivais comme un calvaire, puisque mon travail ne trouvait aucun écho chez les profs. J'ai finalement trouvé mes maîtres à l'Institut Van Der Kelen à Bruxelles, l'année suivante, pour apprendre le trompe l'oeil, à la flamande.

À ce moment là, je ne savais pas que débutaient « les années noires de la peinture » (cf. Aude de Kerros, L'art caché enfin dévoilé, 2023). L'emprise de l'Art contemporain en France, amorcé début 80, atteint son paroxysme en diabolisant, ringardisant la peinture, déclarée officiellement morte, et rendue invisible par la nouvelle politique de l'État, devenu seul décisionnaire d'un art unique et conceptuel, prévalant sur tout le reste.

La culpabilité honteuse que j'ai portée pendant 20 ans de ne pas être diplômée des B.A, a disparu en même temps que ma compréhension du mécanisme d'emprise personnelle que je vivais depuis enfant. Dans les deux cas, ce n'était pas ma faute : je n'avais pas les moyens de faire autrement.

J'ai traversé ces 4 décennies sans moi, j'étais juste à côté, mais ce petit décalage intérieur est suffisant pour causer de grandes souffrances et devenir une proie parfaite. Moi aussi, comme la peinture en France, j'étais devenue invisible à ma propre vie et à mon potentiel de création.

Être hors de soi, quelle étrange vie. Aussi incongru que d'extraire la peinture de l'art.

Ma ténacité a tout de même permis, lors de rares échappatoires, de peindre une série de fleurs (trop peu à mon goût, mais c'est déjà ça) que j'ai exposé à New York, au prix d'efforts laborieux.

Si je n'ai pas sombré, c'est grâce à ce désir d'accomplissement par la peinture.

Il m'a permis de m'extirper de la violence psychique et physique. Pour me dédier complètement à mon expression artistique, il a fallu que je me libère de toute emprise et me reconstruise.

La place est nette maintenant, vive les peintres de l'âme ! J’ai repris les pinceaux, la tête de loup a fini d'ôter les résidus de toiles d'araignée qui encombraient ma puissance de vie.

Quelle ironie d'être privée de son essence et de vouloir peindre, justement, l'essence de tout chose. Je commence à comprendre l'importance du sens de ma flamme d'artiste.

Quelle jubilation de retrouver la capacité à m'exprimer sur la toile au moment où la peinture est clairement de retour sur le net, les cimaises des galeries et musées français. Si dans ma vie l'espace est dégagé, celui de l'art s'alchimise d'autant plus depuis les confinements successifs.

Aujourd'hui, encore plus qu'avant, chaque tableau peint et rendu visible est une victoire !

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