Caroline Gauguery Caroline Gauguery

PARENTS DU SILENCE

Ce que l'on ne dit pas nous est incomplet, nous reste secret en quelque sorte.

Tant que l'histoire reste un film mental de souvenirs visuels et de sensations, elle reste cachée pour le sommet de notre conscience.

Une fois dits, les mots nous dépassent car la réalité complète prend forme devant nous.

La parole libère, expulse l'histoire hors des anfractuosités de notre corps imprimé, donne une vie totale à ce qui s'est vécu.

En attendant de pouvoir dire, heureusement la création est là...

N'en déplaise aux conceptuels, la peinture, elle, parle d'elle-même et révèle ce que les mots introuvables transpirent.

Quand je regarde mes toutes premières toiles de fleurs et de nus, je vois aujourd'hui qu'elles racontent ma quête initiale et ma réalité de vie difficile de l'époque.

Je ne voyais pas de lien jusque là. Pourtant le fil est là :

Les cœurs de fleurs prenaient vie sur mes toiles pour exprimer mon grand besoin de rapprochement avec Dieu. Elles parlent de la beauté cachée, subtile, généreuse du divin en chacun de nous.

Les corps nus de femmes aux visages noyés dans la pénombre témoignaient de l'accaparement douloureux de l'emprise psychique.

La série de fées et d'anges qui a suivi, raconte mon besoin d'évasion, hors de cette prison devenue trop familière et oppressante.

Aujourd'hui le chemin de l'abstraction pour retrouver la présence du Très Haut, quoi de mieux pour décrire le Sans Nom ! Se défaire de la narration, du connu, de la forme, pour laisser émerger l'Essence de ma vérité.

La peinture « Quand je te retrouve à l'entre-deux-souffles »* a été réalisée comme un lâché d'élastique trop tendu, en suspension maintenue autant que possible pour ressentir la présence infaillible du divin.

Et comme par magie les mots arrivent : d'abord durs, rugueux, écoeurants, putréfiés pour devenir tamisés, justes, éclaireurs, réconfortants, purifiants.

Quelle peinture va émerger après cette purge ?

Nous sommes tous parents du silence, au moins pendant un temps, souvent nécessaire, mais quand il se répand sur plusieurs générations, quelles stratégies défendons nous lorsqu'il encombre trop loin, trop fort ? Cela en vaut-il vraiment la peine ?

En attendant de pouvoir dire, heureusement la création est là...

* Ce tryptique à l'huile de 2 x 3 m sera visible lors de ma prochaine exposition à la Chapelle St Jean du 6 au 20 Juin 2024. Il vibre mieux en vrai mais tu peux avoir un aperçu ici :

https://www.gauguery.com/oeuvres/p/quand-je-retrouve-lentre-deux-souffles

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Caroline Gauguery Caroline Gauguery

LA PEINTURE M'A SAUVÉ LA VIE

À 20 ans, je rêvais de porter ma peinture loin et haut.

À 45 ans, je réalise que c'est elle qui m'a porté loin.

Loin du désastre.

Elle m'a même sauvé la vie et permis de me trouver.

Mon désir d'accomplissement artistique est présent depuis mon plus jeune âge.

À dessiner seule jusqu'à l'adolescence, je rêvais de faire une grande école d'art, rencontrer des maîtres qui m'apprendraient les secrets de la peinture et du dessin.

Avec fierté et excitation, quand je rentre aux Beaux Arts de Grenoble en 1999 - j'ai 19 ans - mon rêve vrille rapidement quand les professeurs nous expliquent qu'il est fortement recommandé de créer sans recourir à la peinture, ni au dessin ! A nous d'inventer notre propre expression artistique. Même pas le temps de prendre mon élan, que je me sens coupée des ailes. Je résiste une courte année, en remplissant quand même l'espace de mes peintures aux couleurs vives, avant d'arrêter ce que je vivais comme un calvaire, puisque mon travail ne trouvait aucun écho chez les profs. J'ai finalement trouvé mes maîtres à l'Institut Van Der Kelen à Bruxelles, l'année suivante, pour apprendre le trompe l'oeil, à la flamande.

À ce moment là, je ne savais pas que débutaient « les années noires de la peinture » (cf. Aude de Kerros, L'art caché enfin dévoilé, 2023). L'emprise de l'Art contemporain en France, amorcé début 80, atteint son paroxysme en diabolisant, ringardisant la peinture, déclarée officiellement morte, et rendue invisible par la nouvelle politique de l'État, devenu seul décisionnaire d'un art unique et conceptuel, prévalant sur tout le reste.

La culpabilité honteuse que j'ai portée pendant 20 ans de ne pas être diplômée des B.A, a disparu en même temps que ma compréhension du mécanisme d'emprise personnelle que je vivais depuis enfant. Dans les deux cas, ce n'était pas ma faute : je n'avais pas les moyens de faire autrement.

J'ai traversé ces 4 décennies sans moi, j'étais juste à côté, mais ce petit décalage intérieur est suffisant pour causer de grandes souffrances et devenir une proie parfaite. Moi aussi, comme la peinture en France, j'étais devenue invisible à ma propre vie et à mon potentiel de création.

Être hors de soi, quelle étrange vie. Aussi incongru que d'extraire la peinture de l'art.

Ma ténacité a tout de même permis, lors de rares échappatoires, de peindre une série de fleurs (trop peu à mon goût, mais c'est déjà ça) que j'ai exposé à New York, au prix d'efforts laborieux.

Si je n'ai pas sombré, c'est grâce à ce désir d'accomplissement par la peinture.

Il m'a permis de m'extirper de la violence psychique et physique. Pour me dédier complètement à mon expression artistique, il a fallu que je me libère de toute emprise et me reconstruise.

La place est nette maintenant, vive les peintres de l'âme ! J’ai repris les pinceaux, la tête de loup a fini d'ôter les résidus de toiles d'araignée qui encombraient ma puissance de vie.

Quelle ironie d'être privée de son essence et de vouloir peindre, justement, l'essence de tout chose. Je commence à comprendre l'importance du sens de ma flamme d'artiste.

Quelle jubilation de retrouver la capacité à m'exprimer sur la toile au moment où la peinture est clairement de retour sur le net, les cimaises des galeries et musées français. Si dans ma vie l'espace est dégagé, celui de l'art s'alchimise d'autant plus depuis les confinements successifs.

Aujourd'hui, encore plus qu'avant, chaque tableau peint et rendu visible est une victoire !

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Caroline Gauguery Caroline Gauguery

DE LA TRANSE DANS MA PEINTURE

J'aimerais témoigner du renversement créatif que la transe m'a permis de vivre, alors que je me sentais coincée dans une même technique picturale. Il n'est pas question ici de chamanisme mais d'une disposition naturelle de notre cerveau à percevoir son environnement différemment. De nombreux articles et conférences sont disponibles pour connaître plus en détail les bienfaits de la transe cognitive, tellement le sujet est vaste, notamment à travers les interviews de Corine Sombrun et les études de l'institut de recherche TranceScience.

Est-ce que, en tant qu'artiste, tu as déjà eu envie de changer ton expression sans savoir comment t'y prendre ou pire, en te sentant impuissante ?

Je crois que ce genre de phase est essentiel dans la carrière d'un artiste qui veut faire évoluer son art. Le chaos n'est-il pas une étape de la création ?

L'état de transe fait partie du processus créatif mais il était fugace pour moi, comme un état de grâce, et difficile à convoquer, surtout depuis un état d'impuissance ! Quand j'ai fait le stage de transe cognitive avec TranceLab, j'ai compris que le maître mot dans tout ce mécanisme grippé était : AUTORISATION.

Qui et quoi m'empêche de peindre autrement ? Cette question s'est transformée en : qu'est ce que je m'autorise à exprimer à partir de maintenant ? L'énorme libération émotionnelle que j'ai vécu dans cette première rencontre avec la transe m'a mené à cette révélation : si je me censure, je peux aussi me libérer. Comme c'est un potentiel naturel, une fois en confiance, il suffit de laisser aller l'état pour exprimer ce qui a besoin de l'être. Mon déblocage a commencé par là. Il ne reste plus qu'à suivre le fil.

Une autre clé essentielle est la mise en mouvement : même s'il me semble que l'inspiration n'est pas là, je commence à écrire, à crayonner, à danser, à chanter...peu importe tant que j'aime le faire, car les portes d'accès à la création sont infinies. C'est aussi un des apprentissages que la pratique de la transe m'a montré : démarrer avec un détail ( une couleur, une forme, un objet, un questionnement....) et m'AUTORISER à voir où cela me mène. Un bon moyen de se surprendre soi même !

La beauté de cette transformation est dans la reconnexion à la puissance de vie, au vivant.

J'ai besoin de vibrer avec les couleurs pour que ma peinture vibre, elle aussi.

Le cadeau surprise, depuis ma rencontre avec la transe, est que j'ai besoin d'engager le corps à travers le mouvement dansé et le chant pendant que je peins sur des grands formats. Ce sont aussi des vibrations qui font partie intégrante de ma création, sans lesquelles je ne pourrais pas peindre comme je le fais aujourd'hui.

Joie et Liberté !

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